La poésie, cette sorte de chose que personne ne lit !(1962)"............. On devrait nourrir une immense affection pour ceux qui n'écrivent pas de poèmes, qui lisent ceux des autres, ne discutent pas d'abord la technique, ne fendent pas les mots en quatre : semblables en cela aux vrais amateurs de cinéma, ceux qui dans les ciné-clubs ne restent jamais pour la discussion, mais qui se lèvent sans un mot dès la dernière séquence, avec des gestes ralentis, un peu perdus ; et qui s'en vont, presque recueillis, parce qu'ils emportent quelque chose de fragile et d'irremplaçable, dont on ne peut pas parler, surtout pas de suite : leur propre émotion." Georges MOUNIN

24 février 2016

Oui mon frère, le soir.




On a déjà passé une belle journée.

Ce matin, déjà, à l'aube,
J'étais au bord de l'eau,
La vie m'attendait.

Pourtant, c'était silence,
Je n'y croyais pas.

Oui, mon frère,
Une belle lumière, à ce moment là.
Tu te souviens, quand papa vous battait,
J'te l'ai jamais dit, j'aimais pas ça.
Des fois même, je pleurais,
J'me retournais, pour que tu m'vois pas.
Tu sais, j'te l'ai jamais dit, mais...
 J'aurais préféré que ce soit moi.

Oui, le soir,
Je n'arrive pas à y croire,
D'être comme ça.

Tu sais, oui tu le sais bien,
Au bord de l'eau, le paradis,
Je l'ai vu petit, tellement ressenti.
Je pleurais pas, j'étais au bon endroit.

Oui, mon frère, je le sais bien,
La vie c'est ça,
A prendre comme ça vient,
Du mal ou du bien,
A comprendre enfin.

Oui , je sais,
J'étais trop sensible,
Tu m'las déjà dit.
Vous , vous avez trouvé bonne cuirasse,
La mienne, elle m'allait pas.

Oh, il nous battait, oui, parfois.
Non, c'était pas par hasard,
Juste quand on faisait le bazar.
Je l'aimais pas, papa,
Quand il était comme ça.

Tu sais, le paradis,
Je l'attends pas,
Au bord de l'eau,
C'était ça.

Oui, mon frère,
Tu sais, je crois que papa,
Il vous a pris ça!

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