La poésie, cette sorte de chose que personne ne lit !(1962)"............. On devrait nourrir une immense affection pour ceux qui n'écrivent pas de poèmes, qui lisent ceux des autres, ne discutent pas d'abord la technique, ne fendent pas les mots en quatre : semblables en cela aux vrais amateurs de cinéma, ceux qui dans les ciné-clubs ne restent jamais pour la discussion, mais qui se lèvent sans un mot dès la dernière séquence, avec des gestes ralentis, un peu perdus ; et qui s'en vont, presque recueillis, parce qu'ils emportent quelque chose de fragile et d'irremplaçable, dont on ne peut pas parler, surtout pas de suite : leur propre émotion." Georges MOUNIN

24 octobre 2018

Dernier vécu


                                         




Les plaintes rompaient à chaque instant le silence
tandis qu'un serpent menait sa funeste danse.
La grenouille semblait appeler au secours
comme si Dame Nature  était un recours.

Malgré sa très petite tête la couleuvre
était pour la circonstance tout à son oeuvre
en s'attaquant à une grosse qui coasse
qu'elle venait de prendre tout à l'heure en chasse.

Imperceptiblement, inexorablement,
l'enserrant fort tout en se démantibulant,
la mâchoire ne laissait plus le moindre espoir
au pauvre animal de voir encore un beau soir.

En dernier lieu après un ultime broiement,
un dernier gémissement et tressaillement
la rieuse fut dans le ventre du reptile
qui très vite reprit son allure tranquille.

Tout en glissant avec élégance sur l'onde,
il fit autour du bassin sa dernière ronde
avant de découvrir tout proche un beau massif
pour digérer pleinement ce repas festif.