Après avoir poussé le son, à fond, c'est un animal, qui
rentre en courant sur scène ce samedi
soir. Dodelinant sur ses jambes au rythme du tambour , balançant son micro d'une
main à l'autre, il se met à gueuler en
essayant de dépasser les instruments qui hurlent déjà.
Les mots, la musique, sont alors sans importance. ARNO, à ce moment là,
a envie de rock, pour se chauffer, pour nous réveiller. Il faut que ça
pète. Il a envie de s'éclater, comme si
il avait 20 ans et qu'il trouvait que notre monde roupille!
A cet instant, la démarche de cette bête, déjà de scène,
m'évoque alors un orang-outang... aux cheveux blancs.
Le calme quelque peu revenu, il se saisit alors du micro
pour emprunter "OSTENDE" , sa
ville natale, à CAUSSIMONT. Au delà du ton viril, ici point de paroles puériles.
Et même si ce ne sont pas encore ses mots, c'est déjà beau. Tant il va chercher
au fond de lui-même, de ses tripes, avec sa voix éraillée, les mots de ce poète
disparu qu'il a tant compris , que c'en est presque du BREL , de l'Amsterdam. En
une chanson, nous l'avons compris, l'interprète est déjà immense.
Le ton est donné. L'artiste est prêt à se livrer! Encore
quelques morceaux qui chauffent et des mots, pour nous, inaudibles. Ce qu'il a
vraiment à nous dire, va venir.
Quelque peu essoufflé , il s'assied alors ( il n'a plus 20
ans), pour nous parler... de Lola. Et puis, il la
chante, et avec elle, d'autres femmes qu'il a aimé, qu'il a croisé, avec cette voix
déchirée, comme s'il était des regrets, des souvenirs qui lui faisaient encore
mal. Comme un animal parfois, il râle! Cette fois, ARNO ne fait plus le singe
et s'il s'est assis, c'est qu'il a tant mal. Le rocker laisse la place, non pas
à un chanteur, mais à un poète, abimé, à
un homme, éternellement blessé. S'il s'est assis, c'est qu'il est comme un
pilier de bar, qui vacille. Comme un animal saoul, il s'accroche à son micro et
n'en finit pas de vomir, de crier son désespoir, mais aussi son amour des
femmes, de l'humain. Toute son ivresse est là.
Maintenant, qu'il nous a entrainé dans la confidence, il
peut nous entrainer dans la danse. Cette fois, le rythme est bien lancé et le
rock qui s'ensuit devient alors plus limpide, plus mélodieux.
Et puis, il s'assied à nouveau, besoin de se confier encore.
Cette fois, il pense à sa mère.
Il s'accroche à son micro et titube. D'une voix rauque, bouleversante, il va
nous chercher ses mots, à lui, au fond de lui même pour nous hurler combien il
aime.
Le public l'a bien compris et
chante alors avec lui. Derrière le gorille, il est bien un coeur qui brille.
La communion est
alors totale. Avec les rythmes qui s'ensuivent, cette fois, c'est toute la
salle qui dodeline de la tête et des jambes. Nous avons tant envie de partager
avec lui, de lui dire oui!
Après avoir rendu hommage à toutes celles qu'il a aimé,
après avoir dansé avec nous, l'artiste marque une dernière pause pour saluer
ses musiciens. Encore quelques morceaux effrénés et le groupe disparait, avant
de revenir sous des tonnerres d'applaudissements. Pour
un dernier partage, un dernier salut, ARNO nous sort alors un jeu de cymbales, battant la mesure et
nous poussant à une dernière danse. C'est avec elles, qu' il applaudit toute la
salle avant de les lâcher et de s'enfuir!
Nos mains tendues et nos cris n'y changeront rien. La
lumière de la salle nous revient alors, comme au petit matin, mais nous en
sommes tous convaincus ici: point de rêve, juste une trêve. Et que chacun se rassure ici, tant qu'il lui
restera un souffle de vie, il nous reviendra, parce qu'il a tant besoin de
nous, et nous de lui!
C'était
juste beau, comme de l'ARNO !
ARNO, sur scène, rugit comme un lion, fait le singe.. . C'est un animal,
mais pas que bestial !
au théatre de LONS, ce 7 décembre