La poésie, cette sorte de chose que personne ne lit !(1962)"............. On devrait nourrir une immense affection pour ceux qui n'écrivent pas de poèmes, qui lisent ceux des autres, ne discutent pas d'abord la technique, ne fendent pas les mots en quatre : semblables en cela aux vrais amateurs de cinéma, ceux qui dans les ciné-clubs ne restent jamais pour la discussion, mais qui se lèvent sans un mot dès la dernière séquence, avec des gestes ralentis, un peu perdus ; et qui s'en vont, presque recueillis, parce qu'ils emportent quelque chose de fragile et d'irremplaçable, dont on ne peut pas parler, surtout pas de suite : leur propre émotion." Georges MOUNIN

31 décembre 2015

d'ASAGI à OCHIBA.



Bonjour,
L'année s'achève et avec elle l'heure des bilans et réflexions approche.
Lourd, pourront dire beaucoup quant au bilan de l'année qui s'achève au plan des événements sur notre territoire commun, tant la violence est venue défoncer la grande porte de notre petit monde libre qui se croyait jusque là, à l'abri... de la sauvagerie.
Comme l'immense majorité d'entre nous, ASAGI a essayé jusque là de semer et de partager autre chose , et si nous ne sommes pas encore en guerre, c'est uniquement parce que notre majorité essaie encore modestement, et au quotidien, de prendre la peine de semer, chaque jour, un peu d'amour.
Pourtant, ASAGI, n'est ni dupe, ni naïf, et depuis les silences de son enfance même, il sent bien , chaque année, que notre monde n'est plus le même. D'un seul monde originel à s' aimer s'en vient pourtant souvent mauvaise graine à semer, preuve s'il en était besoin qu'il n'est point de monde  parfait et encore moins de dieux, à nous satisfaire.
 Depuis le début de ce siècle, les choses semblent s'accélérer . Au réchauffement évident, à présent de notre environnement nous apparait paradoxalement de plus en plus de froideur dans les yeux des tueurs comme s'il n'était ici question que de vases communicants. Mais c'est peut-être bien justement de communication dont il s'agit ici. Alors que nous n'avons  jamais eu autant d'outils à notre disposition pour satisfaire ce besoin légitime, d'aucuns se réjouissent à vouloir partager avec nous les images de leurs victimes, comme si la froideur pouvait nous réchauffer le coeur!
 Jamais nous n'avons eu autant de jouets à notre disposition, mais nous n'avons qu'un coeur. A l'heure de Noël, il serait temps de savoir si, de nos jouets, nous préférons la guerre ou la paix!

Asagi sont deux de mes carpes muettes distantes, méfiantes, que les années n'ont pas réussi à apprivoiser à mes cotés. Juste à paraître, sans vouloir partager l'être.
Ochiba m'est arrivé, tout comme elles, du soleil levant, là-bas, voici deux ans. Séduit par la virgule qui lui ornait la tête, j'en fis une de mes dernières locataires. Hélas, de virgule, il ne fut bientôt plus, que petite tâche ridicule, et pourtant...
Deux mois après son arrivée, devenue carpe plus ordinaire, elle me fit alors plus beau cadeau que feu son paraître, et même d'extraordinaire. A venir droit sur moi un beau jour de juillet, me regardant bien  dans les yeux et s'approchant de ma main qui lui tendait un grain, elle s' empara de ce dernier, me laissant ballant le bras. De ce seul geste, elle vint alors à révolutionner les rapports entre  locataires et leur propriétaire. Tandis qu'il n'était , entre les deux parties, jusqu'alors que  côtoiement, s'en vint, grâce à elle, de l'aimant. D' Ochiba, la hardiesse , depuis longtemps a pris le dessus jusqu'à prendre, au quotidien rime de caresses. Nombre de ses voisines, et même de 20 ans plus âgées, sont devenues depuis, mes copines. et même de Mongolie, les tanches, me pinçant même les hanches(!) Quant à mon amour blanc, de farouche naguère, de touches, il est à présent...tout devant, et bien gourmand!
Des poissons de mon bassin, il en reste encore, à ne point, de mes grains, me chiper dans la main, mais au fil du temps, je sens bien , à présent, que d'éloignés, ils en viennent à se rapprocher. Curieux, sans doute, mais aussi frustrés, des grains qu'ils n'osent venir chercher, et que leurs congénères, libérés de nombreuses  barrières, s'empressent, entre mes doigts, de saisir. Mais je ne désespère pas un jour, avec eux... grâce à Ochiba.
De mes carpes muettes, beaucoup d'entre vous peuvent sourire, pensant sans doute, qu'elles n'ont  et n'auront jamais rien à me dire. Il est pourtant des silences qui nous parlent et qu'il nous faut apprendre à lire.
Ainsi, si, à la belle saison, chaude, mes poissons peuvent me suivre, l' oeil gourmand, en attente de grains à foison, lorsque je fais le tour de mon bassin, il peut en être de même, en hiver, alors que de faim, elles n'ont point . Il est même Ochiba, et à présent Chagoi, qui, dès que je m'approche, s'en viennent à ma rencontre, piper à la surface de l'onde, de leur monde, comme  pour me saluer, sans mot dire, sinon de nos mondes.
C'est donc cette carpe , OCHIBA, qui va prendre en 2016 la succession d' ASAGI, tant au jardin que pour les mots de son maitre, d'autant que celle-ci compte, sur la toile,  à présent trop d'homonymes de mondes bien différents, à semer la confusion. A l'image d' OCHIBA, et au contraire du repliement du moment, les mots vont donc tenter, pour demain, de tendre davantage la main.

ASAGI39  restera le blog relatant la création de notre jardin avec diaporamas de cette "aventure", mais le quotidien de ce lieu qui inspire d'ailleurs toujours les mots de son maitre, sera partagé sur le jardin d'ochiba, "les mots d' asagi" devenant: " les mots d' ochiba".
A ne souhaiter, pour l'année qui vient, qu'un peu de sagesse et d'amour en chacun!

24 décembre 2015

Mot choisi




A choisir,
Avant que de gésir,
Plutôt que l'extrême,
Je préfère l'entr'aime!

Au lieu de graine de haine à semer,
A récolter la peine,
Je préfère que l'on prenne...
La peine de s'aimer!

01 décembre 2015

D'un jeu de mots



D'un jeu de mots,
On peut toujours faire un poème,

Quand notre esprit en errance,
Prend enfin le chemin ...de faire,
Se met enfin en train,
Retrouve enfin de l'entrain,
Rentre même en transes...
Quand, après les soupirs,
Il quitte son enfer,
Sans s'occuper du pire,
Pour nous laisser faire.

Mais, sans l'émotion créatrice,
Celle, qui veut dire de nous-mêmes,
Celle, qui nous chavire,
Qui nous pousse à écrire,
Qui devient enfin la matrice,
De ce que l'on aime,
Qui nous porte surtout , le temps de la plume,
Avant que l'esprit ne s'enrhume,

Il n'est alors plus que mots,
Que mots blêmes!

30 novembre 2015

assagi !

Je sors de chez ma dentiste, je m'assagis...encore une dent de moins contre l'humanité!

16 septembre 2015

Chamois en Ventoux



                                                          
Au sortir du sentier forestier, notre guide , alors en tête du groupe, s'arrête, puis s'accroupit . Allongeant un bras dans notre direction, il nous invite alors, de la main, à nous poser un instant. Calmant quelques ardeurs de langage, il nous incite, en chuchotant, à faire silence.
Devant nous  s'offre au regard un paysage tout nouveau, presque totalement minéral: des pans de montagne aux pointes acérées, dont les flancs, très pentus, sont jonchés d'innombrables  pierres, laissées là comme témoins de l'usure exercée sur les cimes au fil du temps. Chaque éclat de roche semble attendre son tour, pour une prochaine glissade, comme figé dans l'instant, avant de rejoindre la vallée. Au milieu de cette invasion de rocailles, seuls quelques arbres , quelques buissons, perchés sur de rares rochers, semblent avoir résisté , tels oasis au milieu d'un désert.
Les premiers d'entre nous se trouvent alors sur la fin du sentier qui s'en vient mourir au milieu de ces pierres mouvantes, le long d' une première paroi. C'est derrière elle que notre meneur nous indique une présence étrangère que lui seul peut observer. Chacun  s'accroupit alors jusqu'à épouser  le bas du corps avec les débris minéraux. Puis , tour à tour, nous prenons la tête de la colonne, sans un mot, pour profiter de l'instant.
Il est là, derrière ce premier flanc, à une vingtaine de mètres. Les pattes posées au beau milieu de la pente, un jeune chamois, nous fait face et nous regarde simplement, sans nulle crainte. Comme s'il avait compris que nous étions simplement curieux de lui, l'animal retourne alors tranquillement  la tête  qu'il penche ensuite vers le sol, langue tirée. Il débusque alors, invisible à nos yeux,  sans doute quelque rare plante fichée entre deux cailloux. Puis il s'éloigne doucement, tout en poursuivant sa quête . Sans faire dévaler la moindre pierre, il rejoint bientôt une oasis proche afin de compléter son maigre repas de quelques feuilles d'arbustes. Puis il s'allonge à leurs pieds , sans plus se préoccuper de nous.
C'est alors que surgit, entre deux autres flancs de montagne plus lointains, un autre chamois, femelle cette fois, suivi d'un , puis deux petits, et enfin d'une autre mère, qui ferme la marche. Le groupe ne semble pas nous avoir vu, ni senti, tant chaque individu est vite occupé à investir les lieux, chacun aussi en recherche de nourriture. Chaque adulte s'enquiert d'un endroit différent et les petits de gambader tantôt vers l'une, tantôt vers l'autre, tout en observant bien, et en les imitant, les pas des ainées, pour, surtout, ne pas glisser. Dans un tel lieu, une absolue rigueur est indispensable pour mériter sa liberté. Le moindre faux pas, la moindre étourderie, et c'est la mort assurée. C'est le défi quotidien que doivent affronter ces animaux. Il ne peut que nous conduire à l'instant à un profond respect. S'ajoutent à cela grâce et légèreté que manifeste tout ce petit monde en déambulant ce matin devant nos yeux. Au respect ne peut alors s'ajouter que notre admiration.
Ce spectacle nous est, à toutes et tous, gens de plaine, magique. Sans doute aussi pour notre guide, qui assurément, doit se plaire régulièrement à contempler ces animaux magnifiques, qu'il n'a d'ailleurs eu  aucun mal à trouver pour nous ce matin. Du premier jeune chamois qu'il vient de nous montrer, il nous assure aussi qu'il ne passera pas l'hiver, surtout si celui-ci est rigoureux. Visiblement seul, abandonné, ce jeune sera première future victime des prédateurs du massif que peuvent être lynx et autre loup de passage. L'allure trop tranquille de ce chamois et aussi l'ignorance totale que vient de lui montrer la famille des deux petits et de leur mère, pourtant toute proche de lui à un moment, semble confirmer les dires de notre homme qui connait bien son environnement.
Nous aimerions sans doute, tous, prolonger ce moment que nous savons rare. Tout comme nous savons qu'il va faire partie des souvenirs forts de notre séjour en Ventoux. C'est un instant unique que nous venons de vivre et ce, grâce à notre guide Jean-Baptiste dans sa volonté de partage.
Mais le temps passe et le sommet nous attend. C'est avec regret que chacun se retire doucement, laissant ces seigneurs de la montagne à leur liberté. Là haut, à quelques centaines de mètres, un autre monde , celui des sportifs de la petite reine est en compétition pour d'autres défis, d'autres libertés, à nous interroger.
 Patrick SCHOENLEBER


11 avril 2015

Plus qu'un mot



                                  
Quand l'être,
N'a même plus conscience de paraitre,
Ni même, d'être.
Quand l'être,
N'a même plus conscience de l'instant,
Celui juste avant,
Ni même, de l'instant présent.
Quand l'être,
Ne sait même plus ce qu'est le passé,
Ni même, s'il a existé.
Quand  l'être,
Ne sait même plus, ce qu'être veut dire,
Ni même non, à dire.
Quand l'être,
N'a plus que le mot de oui,
Que , pour le reste, il n'a plus d'ouïe.
Quand l'être,
N'a même plus l'émerveillement,
D'un présentement,
D'un instant fugace,
Quand il n'a même plus le choix,
De prendre, ou de laisser, sa place.
Quand, à sa place,
Ne nous appartient alors, plus d'autre choix,
Que  le souvenir, et qu'il ne peut être,
Que pour lui seul, place de choix,
avant de disparaître.