La poésie, cette sorte de chose que personne ne lit !(1962)"............. On devrait nourrir une immense affection pour ceux qui n'écrivent pas de poèmes, qui lisent ceux des autres, ne discutent pas d'abord la technique, ne fendent pas les mots en quatre : semblables en cela aux vrais amateurs de cinéma, ceux qui dans les ciné-clubs ne restent jamais pour la discussion, mais qui se lèvent sans un mot dès la dernière séquence, avec des gestes ralentis, un peu perdus ; et qui s'en vont, presque recueillis, parce qu'ils emportent quelque chose de fragile et d'irremplaçable, dont on ne peut pas parler, surtout pas de suite : leur propre émotion." Georges MOUNIN

01 juin 2017

Grande Terre






Témoins du vent,
Sur la plage de bois JOLAN
Privés de leur si fier élan
Trois cocotiers, le cul en l'air,
Tentent encore de nous plaire.

Témoins du vent,
Dans l'anse VINAIGRI, les arbres,
Modelés dans un même marbre,
Las d'en découdre avec l'Autan
Semblent fuir en vain l'océan.

Témoins du vent,
Les arbustes et grands buissons,
Tous prosternés  à l'unisson ,
Jusques à l'assaut des Grands Fonds
Entremêlent leurs chevelures
Dans une ample et seule parure.

Témoins du vent,
Sur cette aile de papillon,
Grande Terre  de GUADELOUPE,
Ces esclaves de  tous les temps
Aux pieds noueux et torturés
Nous lancent l'unique message:

Qu'il soit de rage ou de passage
Le vent d'ici toujours présent
Sans cesse buissonne et façonne

L'élytre courbe du géant!