La poésie, cette sorte de chose que personne ne lit !(1962)"............. On devrait nourrir une immense affection pour ceux qui n'écrivent pas de poèmes, qui lisent ceux des autres, ne discutent pas d'abord la technique, ne fendent pas les mots en quatre : semblables en cela aux vrais amateurs de cinéma, ceux qui dans les ciné-clubs ne restent jamais pour la discussion, mais qui se lèvent sans un mot dès la dernière séquence, avec des gestes ralentis, un peu perdus ; et qui s'en vont, presque recueillis, parce qu'ils emportent quelque chose de fragile et d'irremplaçable, dont on ne peut pas parler, surtout pas de suite : leur propre émotion." Georges MOUNIN

21 novembre 2018

Sécheresse en Haut Doubs

 
                 
Comme des animaux cherchant à boire,
formant une voûte couvrant la piste,
ainsi qu'une haie d'honneur aux touristes,
les arbres sont penchés, ras du miroir.

Or depuis l'été l'onde a disparu.
Plus une goutte d'eau,  pas même un ru.
Pareil à des langues déshydratées
les feuilles pendent, sans pourtant tomber.

La rivière qui acheminait  l'eau
n'accorde plus qu' un sentier aux vélos.
Mais tandis que le cycliste s'occupe,
le paysan, triste, se préoccupe.

Les passants pour marquer l'évènement,
dressent des pierres en empilements
et construisent dans ce lit mort des cairns,
quand d'autres supplient les camions citernes.

Le Haut Doubs ne saute plus sa muraille.
De son sol il regagne les entrailles.
Par chance il y trouve la Loue, sa soeur
pour échapper ensemble au ravisseur.

Preuve de sa mise à nu précédente
gravée au fond de son lit, évidente:
mille neuf cent six, grande sécheresse
d'un cours d'eau  hélas déjà en détresse.

Miss Météo ne loue que le soleil.
La pluie est cependant indispensable
car sans elle tout ne serait que sable.
Novembre est là, vivement son réveil !