prose poétique du 02 septembre 2021
Tandis qu'en ce lieu les pierres nous parlent de toutes parts, le canal ici tente de glisser entre les remparts.
Soudain, quittant son nid blotti dans le creux d'une pierre absente, un duo de pigeons s'envole. Sur le rebord d'un pilier vient à se poser puis, tout en sautillant, tente une ronde.
Hélas, au ras du miroir, le charme se rompt:
Face au ciel, ventres ballonnés , deux ragondins sur l'onde grise ont cessé de goûter l'air et n'ont plus besoin du masque de COVID, à demi-noyé à leurs côtés.
Pourtant, non loin, un ménage de foulques semble se plaire, en chasse de subsistance..., dans un lit de laitance. Tout comme quelques poissons remontant un pâle courant en se poursuivant. Mais à travers ces nuages, j'en perds leurs sillages.
Pour mieux nous séduire, une large nappe de nuphars tente de luire.
Venus en grand renfort, des légions de cornifles immergés cherchent désespérément à assainir ce bras. Ces cératophylles épineux, las d'épurer nos eaux souillées depuis l'ère de PASTEUR, peinent à nager et n'offrent plus guère à la vie aquatique que peu d'envie. La verdure ne colore plus leur parure, tant ils endurent d'immondices. D'incultes passants pourraient en médire en marmonnant:
"ils encombrent la rivière,'il serait bon de s'en défaire".
Tour à tour, de nombreux couples de touristes, curieux et avides de fraîcheur, se penchent. Déçus par le spectacle de cette cour sans miracle, main dans la main, ils rebroussent vite chemin, un peu tristes.
C'était hier, devant la médiathèque, j'attendais ma Noune en soif de culture. Appuyé contre le parapet, je rêvais d'une eau pure!
Mon âme vous avoue sa peine.
Peut-on laisser encore longtemps ce chenal comme au temps de Germinal ?
A toi qui m'ensorcelle ,DOLE, tu es si belle...
Patrick SCHOENLEBER