La poésie, cette sorte de chose que personne ne lit !(1962)"............. On devrait nourrir une immense affection pour ceux qui n'écrivent pas de poèmes, qui lisent ceux des autres, ne discutent pas d'abord la technique, ne fendent pas les mots en quatre : semblables en cela aux vrais amateurs de cinéma, ceux qui dans les ciné-clubs ne restent jamais pour la discussion, mais qui se lèvent sans un mot dès la dernière séquence, avec des gestes ralentis, un peu perdus ; et qui s'en vont, presque recueillis, parce qu'ils emportent quelque chose de fragile et d'irremplaçable, dont on ne peut pas parler, surtout pas de suite : leur propre émotion." Georges MOUNIN

02 septembre 2021

DOLE: Pont Charles NODIER

 prose poétique du 02 septembre 2021

Tandis qu'en ce lieu les pierres nous parlent de toutes parts, le canal ici tente de glisser entre les remparts.

Soudain, quittant son nid blotti dans le creux d'une pierre absente, un duo de pigeons s'envole. Sur le rebord d'un pilier  vient à se poser puis, tout en sautillant, tente une  ronde.

Hélas, au ras du miroir, le charme se rompt:

Face au ciel, ventres ballonnés , deux ragondins sur l'onde grise ont cessé de goûter l'air et n'ont  plus besoin  du masque de COVID, à demi-noyé à leurs côtés.

Pourtant, non loin, un ménage de foulques semble se plaire, en chasse de subsistance..., dans un lit de laitance. Tout comme quelques poissons remontant un pâle courant en se poursuivant. Mais à travers ces nuages, j'en perds leurs sillages.

Pour mieux nous séduire, une large nappe de nuphars  tente de luire.

Venus en grand renfort, des légions de cornifles immergés cherchent désespérément à assainir ce bras.  Ces cératophylles épineux, las d'épurer nos eaux souillées depuis l'ère de PASTEUR, peinent à nager et n'offrent plus guère à la vie aquatique que peu d'envie. La verdure ne colore plus leur parure, tant  ils endurent d'immondices. D'incultes passants pourraient en médire en marmonnant:

 "ils encombrent la rivière,'il serait bon de s'en défaire".

Tour à tour, de nombreux couples de touristes, curieux et avides de fraîcheur, se penchent. Déçus par le spectacle de cette cour sans miracle, main dans la main, ils rebroussent vite chemin, un peu tristes.

C'était hier, devant la médiathèque, j'attendais ma Noune en soif de culture. Appuyé contre le parapet, je rêvais d'une eau pure!

Mon âme vous avoue sa peine.

Peut-on laisser encore longtemps ce chenal comme au temps de Germinal ?

A toi qui m'ensorcelle ,DOLE, tu es si belle...


Patrick SCHOENLEBER


01 septembre 2021

Les mutilés

poésie classique

1er poème classique, quatrains en alexandrins


 

 Au milieu du jardin, exposés aux passants,

Ainsi qu'ils paraîtraient, réprimés pour un crime

Qu'ils n'ont jamais commis, ils siègent,  sans leur cime,

Suscitant alentour  nos regards grimaçants.

 

Comme en ces temps passés où le seigneur et maître

Abandonnait aux yeux du peuple "apprécié" *,

Afin de lui montrer qu'il fallait se soumettre,

Le corps décapité de son supplicié !

 

Doivent-ils pour autant subir un tel  outrage,

Ces arbres, au seul tort de vouloir trop grandir,

Que cherchent leurs régents à tant les enlaidir,

Pourquoi les condamner à ce vil étêtage?

 

Au pays du Levant, l'arbre, cœur du jardin,

Reçoit le visiteur entrant dans la demeure,

Sans lui montrer jamais un soupçon de dédain.

Qu'il soit ainsi céans, avant que je ne meure!

 

Patrick

* les seigneurs appréciaient d'autant plus leurs peuples que ces derniers leurs étaient entièrement soumis!