La poésie, cette sorte de chose que personne ne lit !(1962)"............. On devrait nourrir une immense affection pour ceux qui n'écrivent pas de poèmes, qui lisent ceux des autres, ne discutent pas d'abord la technique, ne fendent pas les mots en quatre : semblables en cela aux vrais amateurs de cinéma, ceux qui dans les ciné-clubs ne restent jamais pour la discussion, mais qui se lèvent sans un mot dès la dernière séquence, avec des gestes ralentis, un peu perdus ; et qui s'en vont, presque recueillis, parce qu'ils emportent quelque chose de fragile et d'irremplaçable, dont on ne peut pas parler, surtout pas de suite : leur propre émotion." Georges MOUNIN

08 décembre 2018

Nuit antillaise




C'est l'heure où le jour commence à faiblir,
Avant qu'il ne pousse un dernier soupir,
Qui décide la grenouille siffleuse
A entonner un air, une berceuse.

Tandis que la nuit sur l'ile s'approche,
Sans faire au soleil le moindre reproche,
C'est l'heure , pour tous de nous attabler
Pour partager l'apéro, rassemblés.


C'est l'heure où le sifflet dans le désert
Appelle alentour pour un vrai concert
Où le grand silence de la campagne
Cède à de tonitruantes compagnes.

C'est tout un peuple bientôt dans la nuit
Qui vient coloniser l'ile à grand bruit.
Mais c'est l'heure du ti punch,  de la fête
Alors les petites rainettes, faites!


21 novembre 2018

Sécheresse en Haut Doubs

 
                 
Comme des animaux cherchant à boire,
formant une voûte couvrant la piste,
ainsi qu'une haie d'honneur aux touristes,
les arbres sont penchés, ras du miroir.

Or depuis l'été l'onde a disparu.
Plus une goutte d'eau,  pas même un ru.
Pareil à des langues déshydratées
les feuilles pendent, sans pourtant tomber.

La rivière qui acheminait  l'eau
n'accorde plus qu' un sentier aux vélos.
Mais tandis que le cycliste s'occupe,
le paysan, triste, se préoccupe.

Les passants pour marquer l'évènement,
dressent des pierres en empilements
et construisent dans ce lit mort des cairns,
quand d'autres supplient les camions citernes.

Le Haut Doubs ne saute plus sa muraille.
De son sol il regagne les entrailles.
Par chance il y trouve la Loue, sa soeur
pour échapper ensemble au ravisseur.

Preuve de sa mise à nu précédente
gravée au fond de son lit, évidente:
mille neuf cent six, grande sécheresse
d'un cours d'eau  hélas déjà en détresse.

Miss Météo ne loue que le soleil.
La pluie est cependant indispensable
car sans elle tout ne serait que sable.
Novembre est là, vivement son réveil !  


        

24 octobre 2018

Dernier vécu


                                         




Les plaintes rompaient à chaque instant le silence
tandis qu'un serpent menait sa funeste danse.
La grenouille semblait appeler au secours
comme si Dame Nature  était un recours.

Malgré sa très petite tête la couleuvre
était pour la circonstance tout à son oeuvre
en s'attaquant à une grosse qui coasse
qu'elle venait de prendre tout à l'heure en chasse.

Imperceptiblement, inexorablement,
l'enserrant fort tout en se démantibulant,
la mâchoire ne laissait plus le moindre espoir
au pauvre animal de voir encore un beau soir.

En dernier lieu après un ultime broiement,
un dernier gémissement et tressaillement
la rieuse fut dans le ventre du reptile
qui très vite reprit son allure tranquille.

Tout en glissant avec élégance sur l'onde,
il fit autour du bassin sa dernière ronde
avant de découvrir tout proche un beau massif
pour digérer pleinement ce repas festif.