La poésie, cette sorte de chose que personne ne lit !(1962)"............. On devrait nourrir une immense affection pour ceux qui n'écrivent pas de poèmes, qui lisent ceux des autres, ne discutent pas d'abord la technique, ne fendent pas les mots en quatre : semblables en cela aux vrais amateurs de cinéma, ceux qui dans les ciné-clubs ne restent jamais pour la discussion, mais qui se lèvent sans un mot dès la dernière séquence, avec des gestes ralentis, un peu perdus ; et qui s'en vont, presque recueillis, parce qu'ils emportent quelque chose de fragile et d'irremplaçable, dont on ne peut pas parler, surtout pas de suite : leur propre émotion." Georges MOUNIN

11 décembre 2013

ARNO



Après avoir poussé le son, à fond, c'est un animal, qui rentre en courant  sur scène ce samedi soir. Dodelinant sur ses jambes au rythme du tambour , balançant son micro d'une main à l'autre, il  se met à gueuler en essayant de dépasser les instruments qui hurlent déjà.                                                          Les mots, la musique, sont alors sans importance. ARNO, à ce moment là, a envie de rock, pour se chauffer, pour nous réveiller. Il faut que ça pète.  Il a envie de s'éclater, comme si il avait 20 ans et qu'il trouvait que notre monde roupille!
A cet instant, la démarche de cette bête, déjà de scène, m'évoque alors un orang-outang... aux cheveux blancs.
Le calme quelque peu revenu, il se saisit alors du micro pour emprunter  "OSTENDE" , sa ville natale, à CAUSSIMONT. Au delà du ton viril, ici point de paroles puériles. Et même si ce ne sont pas encore ses mots, c'est déjà beau. Tant il va chercher au fond de lui-même, de ses tripes, avec sa voix éraillée, les mots de ce poète disparu qu'il a tant compris , que c'en est presque du BREL , de l'Amsterdam. En une chanson, nous l'avons compris, l'interprète est déjà immense.
Le ton est donné. L'artiste est prêt à se livrer! Encore quelques morceaux qui chauffent et des mots, pour nous, inaudibles. Ce qu'il a vraiment à nous dire, va venir.
Quelque peu essoufflé , il s'assied alors ( il n'a plus 20 ans), pour nous parler... de  Lola.                        Et puis, il la chante, et avec elle, d'autres femmes  qu'il a aimé, qu'il a croisé, avec cette voix déchirée, comme s'il était des regrets, des souvenirs qui lui faisaient encore mal. Comme un animal parfois, il râle! Cette fois, ARNO ne fait plus le singe et s'il s'est assis, c'est qu'il a tant mal. Le rocker laisse la place, non pas à un chanteur, mais à un  poète, abimé, à un homme, éternellement blessé. S'il s'est assis, c'est qu'il est comme un pilier de bar, qui vacille. Comme un animal saoul, il s'accroche à son micro et n'en finit pas de vomir, de crier son désespoir, mais aussi son amour des femmes, de l'humain. Toute son ivresse est là.
Maintenant, qu'il nous a entrainé dans la confidence, il peut nous entrainer dans la danse. Cette fois, le rythme est bien lancé et le rock qui s'ensuit devient alors plus limpide, plus mélodieux.
Et puis, il s'assied à nouveau, besoin de se confier encore.                                                                      Cette fois, il pense à  sa mère. Il s'accroche à son micro et titube. D'une voix rauque, bouleversante, il va nous chercher ses mots, à lui, au fond de lui même pour nous hurler combien il aime.                       Le public l'a bien compris et chante alors avec lui. Derrière le gorille, il est bien un coeur qui brille.
 La communion est alors totale. Avec les rythmes qui s'ensuivent, cette fois, c'est toute la salle qui dodeline de la tête et des jambes. Nous avons tant envie de partager avec lui, de lui dire oui!
Après avoir rendu hommage à toutes celles qu'il a aimé, après avoir dansé avec nous, l'artiste marque une dernière pause pour saluer ses musiciens. Encore quelques morceaux effrénés et le groupe disparait, avant de revenir sous des tonnerres d'applaudissements.                                                         Pour un dernier partage, un dernier salut, ARNO nous sort  alors un jeu de cymbales, battant la mesure et nous poussant à une dernière danse. C'est avec elles, qu' il applaudit toute la salle avant de les lâcher et de s'enfuir!
Nos mains tendues et nos cris n'y changeront rien. La lumière de la salle nous revient alors, comme au petit matin, mais nous en sommes tous convaincus ici: point de rêve, juste une trêve.                               Et que chacun se rassure ici, tant qu'il lui restera un souffle de vie, il nous reviendra, parce qu'il a tant besoin de nous, et nous de lui!
                                               C'était juste beau, comme de l'ARNO !

ARNO, sur scène, rugit comme un lion, fait le singe.. .                                                                            C'est un animal,                                                                                                                                         mais pas que bestial !


au théatre de LONS, ce 7 décembre

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